La Santa Maria issue de Mamoli

André MIOSSEC a écrit:C'est un fait que ton sabre est en cuillère à pot, Alain, mais je croyais que ce terme était réservé au Kligenthal de base

C'est pas plutôt "Klingenthal" ? Est-ce en rapport avec les anciennes forges du piémont alsacien, dont les marteaux-pilons étaient reliés à des roues à aube mises en mouvement par la rivière du coin ?

Klingenthal, la bien nommée : la vallée qui sonne...

    Tu as, sans doute, et même sûrement raison, Cricri. C'est pas du breton toujours !  

Bonsoir les amis,

Le chantier vient d'achever le montage de la voile latine de la Santa-Maria. On va proposer à Christophe Colomb de naviguer au largue, tribord amures et à la " super- bona ", c'est à dire non seulement sous le vent du mât, mais aussi sous celui des haubans, puisque le mât arrière en est doté.

Sur la photo ci-dessous on peut voir le système adopté par le chantier pour carguer la voile : poulies frappées sur l'antenne, de part et d'autre, avec un bout du genre garcette géante passant sous la voie et remontant à la poulie de l'autre côté... :





...... jusqu'au dernier retour au râtelier du pied de mât, à côté de la grosse drisse servant à hisser l'antenne :







.... laquelle est tenue au moyen d'un joli noeud de chaise :





Gros plan sur l'araignée (?...) consolidant l'antenne, qui retourne au pied du grand-mât par une poulie située sous la vigie ;






Et final sur le côté tribord ouvert :





On va se reposer un peu, en attendant vos observations, réserves et critiques !

Bonne soirée à vous tous.

  Eh ben, la route a été sinueuse et pleine d'aspérités, mais le résultat est là !  

  Cependant, les cargues ne devraient pas être verticales mais horizontales et amener la voile contre l'antenne. Le principe est bon, c'est l'application qui n'est pas terrible.

Bonsoir tout le monde,

Merci à André Miossec pour son observation sur le sens des cargues posées par le chantier Don Janiel. Cela paraît pertinent évidemment.
On est un peu réservé quand même, puisque les plans de X. Pastor les prévoient verticales et que l'opuscule sur les voiles latines d'Olivier mentionne plutôt des garcettes qui sont fatalement verticales :




De toute façon, il faut bien que la voile soit ramenée le long de l'antenne. Pour l'instant on en reste là, en attendant l'arrivée d'autres opinions...

Bonne soirée à tous.

Je verse mon ignorance au dossier : je crois que la voile latine est dérivée des voiles carrées carguées incomplètement en forme de triangle pointe vers le bas, ce qui fut dans les temps reculés le seul moyen de pouvoir utiliser un gréement en voiles carrées pour remonter au vent

Or, ce type de forme ne peut être obtenu que par des cargues placées horizontalement à intervalles réguliers 

De là à imaginer que ce système, finalement beaucoup plus modulable que des cargues verticales style rideau de théâtre, ait perduré sur des voiles triangulaires, il n'y a qu'un pas

Dernier argument : quand il faut rentrer de la toile en vitesse, le faire de cette façon le long d'une antenne presque verticale était plus sûr et plus rapide qu'avec de lourdes voiles carrées

Oui, Cri cri ; d'autant plus que sur certains plans de kits, les poulies de cargues sont conventionnellement frappées tout le long de l'antenne, mais les cargues passent de part et d'autre de la voile sur sa bordure verticale (donc en position quasi horizontale) ; ce qui irait dans le sens des observations d'André Miossec.
A l'opposé, et sauf erreur d'interprétation de ma part, le plan de X. Pastor mentionne des cargues verticales...
Je ne sais plus quoi trop faire puisqu'on n'a pas de plan d'époque affirmé de la S.-M.
Démonter le système et placer un système horizontal ne représente pas un travail insurmontable...
Je vais encore attendre un peu. Le grand-Chef ne s'est pas pointé dans notre chantier pour l'instant ... Il y a ce qu'il faut sur la S.-M. pour lui rafraîchir le gosier.

Salut Janiel,

Ici une illustration qui est assez parlante :



Mis à part le cas des petites embarcations où le poids limité du gréement permet de manoeuvrer la voile comme tu l'as installée sur la SM (genre barque catalane traditionnelle ou felouque), je pense qu'il est bien plus fonctionnel de redresser au maximum l'antenne, et alors, la voile latine vient facilement se plaquer contre avec des cargues horizontales (un peu comme un store le long d'un montant de fenêtre, l'effort étant limité)

J'ai même vu un vieux bouquin qui faisait l'apologie de la sécurité découlant de ce système, où diminuer la voilure est très rapide, et l'auteur expliquait que les naufrages sous voiles des navires gréés en voiles latines, et les dommages aux équipages à la manoeuvre par gros temps étaient bien plus rares que sur des gréements carrés...

Enfin, ce système permet de moduler la surface de voile prenant le vent en évitant la formation de poches parasites, de nature à détériorer rapidement le rendement aérodynamique, sans parler des risques de déchirure

Amicalement,

Christian

Faute de plans officiels, c'est pénible de faire un choix... Le plan de Mamoli mentionne quelque chose qui pourrait servir de garcette (points A et B), sans fournir d'éléments d'information au point B, sur la destination du renvoi du cordage, et en ajoutant une bande de ris inférieure (bonjour l'attache de la voile en bas de l'antenne !) :




et le plan de Pastor, qui a tout de même consacré plus d'une décennie de sa vie à réfléchir sur la caraque, laisserait plutôt penser à des garcettes verticales :




On s'accorde le temps de la réflexion...

  Sur le premier crobard, la cargue monte à mi-hauteur de l'antenne, passe dans la poulie, coulisse dans la patte à cosse du guindant au point A, passe derrière pour être frappée sur l'antenne à même hauteur que la poulie de ce côté-ci. Quand cette manoeuvre a brassé la voile haute contre l'antenne, il n'y a plus qu'à choquer légèrement la grande drisse, brasser et rabanter la voile basse à la main.

    Quant au deuxième, il semble en effet que le Pastor en question ramasse son torchon à la verticale, mais ça ne devait pas être simple par certains temps, car, comme est disposé son point de coulissage de la drisse de cargue sur la bordure, il devait rester du vent dans la toile, le rayon de brassage depuis le point d'amure n'étant pas le même de ce point à la cosse et de ce point à la poulie d'antenne, et même, une fois ceci réalisé, la cargue qui vient au point d'écoute laisse tout le guindant de la voilure prendre le vent et battre comme ça veut ! Dix ans me paraissent bien longs pour n'obtenir que ce résultat sur une réflexion de meilleur gréement !      

PS  -  Je ne vois pas les garcettes verticales dont tu parles dans le plan de Pastor.    

Oui André, rien n'est net dans tout çà. Sur le plan de Pastor (seconde photo), ce que j'ai pris pour des garcettes ne sont peut-être que des drisses ; mais alors, des drisses de quoi ?
Je m'accorde encore quelques jours de réflexion et comme je n'ai rien fixé en ce qui concerne le système de réduction de la toile, je pense que je démonterai çà pour adopter un système de garcettes biaisées avec un peu plus de poulies près de l'antenne pour favoriser une répartition convenable des points de pression sur le guindant de la voile.

André MIOSSEC a écrit:Sur le premier crobard, la cargue monte à mi-hauteur de l'antenne, passe dans la poulie, coulisse dans la patte à cosse du guindant au point A, passe derrière pour être frappée sur l'antenne à même hauteur que la poulie de ce côté-ci. Quand cette manoeuvre a brassé la voile haute contre l'antenne, il n'y a plus qu'à choquer légèrement la grande drisse, brasser et rabanter la voile basse à la main.

Bonjour,
Bien que n'étant qu'un capitaine "plastique-Jacob-Delafon", je suis tout-à-fait d'accord avec notre matelot premier brin, André. Avec un vent en paille-au-cul de tous les diables, il semble évident que la manoeuvre ainsi décrite est, par nature et par sens marin, beaucoup plus réaliste que l'autre solution.

Euh, il y a un traducteur .....

Bonsoir Guido,

Je démonte le tout dès que je peux et je réinstalle le système de réduction de la voile avec une solution plus pertinente. Au moyen de photos, j'essaierai de traduire !...

Janiel, parce que toi tu as tout compris???

"vent en paille-au-cul-de tous les diables" , je demande aussi des explications  

Laurent

Bon alors… le chantier Don Janiel a le plaisir de vous présenter son nouveau système de réduction de voilure adapté à la voile latine de sa caraque MK2 xxl.
Mais c'est bien parce que c'est vous, hein ?
Pour une meilleure compréhension de la question et à la demande générale, on va traduire :


Problème :
Sous beau soleil et pet de nonne (petit vent), toi y en avoir déroulé ta voile triangulaire à l’arrière… Tout baigne…
Tout à coup, toi yen a sentir le vent grossir, grossir, grossir… (vent en paille-au-cul de tous les diables).
Va falloir réduire la surface de ta voile, sinon, toi casser tes mâts et louper l’Amérique.

Solution :
Comment toi t’y prendre ? : Eh ben voilà :

Sur le parapet en bois, au dernier étage arrière… et au milieu, tu repères deux drisses (des cordes, quoi…), coloriées en noir (pour mieux voir sur la photo, mais qui seront plus claires après parce que ça fera plus joli).




Si toi yen a tirer en même temps sur la corde bâbord (à gauche) et sur la corde tribord (à droite), toi t’en apercevoir que l’hypoténuse de ton triangle de voile (le guindant) va se recroqueviller et venir se coller près du bout de bois en diagonale au dessus de ta tête (l’antenne) : ça s’appelle « réduire la voilure ».
Toi yen a comprendre en regardant les photos ci-dessous sur lesquelles le chantier te montre comment cheminent les cordes…











Attention ! : en même temps, il faudra donner du mou à celle qui retient la voile à l’arrière du bateau et qui est attachée à l’angle droit de la voile (point d’écoute), sinon, voile ne pourra pas se recroqueviller sur le mât en pente, et l’Amiral des mers du Sud faire panpan cucu.






Si tout se passe bien, et d’après ce qu’en dit Pythagore (le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés…. etc,), ta barcasse marchera moins vite évidemment.

Mais qui veut voyager loin ménage sa voilure, n’est-il pas ?

janiel a écrit:Pour une meilleure compréhension de la question et à la demande générale, on va traduire

Ha ben voilà, cornegidouille ça y en a être limpide !

Et, en plus, non content d'être limpide pour tout le monde, cette belle explication montre un montage esthétique : une fois de plus, le fonctionnel débouche sur la beauté, ce qui satisfait le gourmet autant que le goinfre, sans même s'arrêter aux vieux grincheux de mon espèce... 

Moi y en avoir enfin compris

Merci

PS : tu n'avances pas forcément moins vite car si la surface portante est réduite, la pression du vent ayant augmentée, la force vélique est maintenue sauf naturellement si tu réduis trop la toile.... question de dosage ...

C'est très compliqué, ton affaire, et superfaitatoire !

Il suffit de deux cargues bien placées, et surtout, elles viennent d'un côté, embrassent le guindant de la voile en passant dans la patte de cosse de la ralingue et dans la poulie sur l'antenne avant de descendre au taquet de pont. Et non pas deux systèmes indépendants, chacun de son côté. Il y  a déjà assez de boutes à bord !   

Ah ben Vindiou ! T'as ben raison... Et il reste encore quatre voiles à monter

Pfffff ... J'ai tout compris !!! et du premier coup en plus !

Belle explication !

C'est limpide, comme les mers des Antilles que vise CC

Laurent

Hola amigos !

Après des semaines d'intempéries et profitant d'un coefficient de marée acceptable et d'un petit vent d'est -sud-est, on a sorti la caraque pour quelques tests...

Vue bâbord :




et vue tribord, pompes en action :






Le vent forcissant, on a vite rentré le tout à l'abri au chantier !...

Prochains travaux : montage de la grand-voile et de ses bonnettes.

Ce modèle est vraiment de toute beauté

Magnifique résultat !

Un petit plus, peut-être : les cordages laissés en blanc à revoir avec du thé bien costaud, pour faire moins cotonnade : ne pas oublier que les manoeuvres en blanc ne sont qu'une convention

Enfin, je dois avouer que ton humour permanent m'a longtemps laissé sur la défensive, ne laissant pas prévoir la grande rigueur qui ressort finalement de ta version de la SM

Je me rends donc, avec grande et sincère admiration, ce qui n'est pas courant chez un vieux ronchon de mon espèce !

Bravo pour ce beau morceau de bravoure ! 

Amicalement, 

Christian