le chébec de Paoli

Le projet de reconstruction de la Galeotta, le chébec de Pascal Paoli. Ce chébec lui avait été offert par l'Ordre de Malte en 1754. Il faudra un jour que je me penche sérieusement sur la marine de Paoli, il y a des choses intéressantes. Quoi qu'il en soit, si le financement est étudié correctement, et si on se base sur l'expérience Hermione, il faudra prévoir large. Encore qu'un chébec n'est pas une frégate.

Une chose me chiffonne: on ne parle nulle part des plans de la Galeotta. Existent-ils encore? Les données techniques manquent, c'est dommage. Celui de Paoli était armé de canons, je ne sais pas si l'artillerie est prévue sur sa reconstitution.

A noter que les chébecs servaient pour le commerce mais surtout pour la guerre en Méditerranée et que c'était le type de navire le plus utilisé par les pirates. Une redoutable machine de guerre, très rapide à la mer. Je ne suis pas certaine que l'usage actuel de croisière soit bien adapté historiquement (ironie perceptible). Mais le projet et sa finalité sont intéressants, je vais suivre ça de très près.

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Mes hommages nocturnes, impériale prof' Sophinette.

Encore un projet sympathique, mais que je sens mal parti. 

L'association A Madunetta souhaite valoriser le patrimoine maritime corse, c'est bien. Mais elle a fait faire une pré-étude par un cabinet d'architectes navals qui s'est basé sur la monographie du Requin. Or bien qu'il ait été construit pour la marine française, c'est un chébec majorquin, pas maltais.

Et si j'en crois le modèle exposé au musée maritime de Malte, ils sont différents. De plus, il ne faut pas compter sur lui pour trouver des plans de ce bâtiment ou d'un autre. C'est un tout jeune musée qui n'est même pas à La Valette,  dont la collection est plus que maigrelette. Je le sais parce que j'ai travaillé le sujet il y a quelques mois. Conclusion, on ne sait rien du chébec de Pasquale Paoli.

Bien que l'origine du nom ne soit pas certaine, je crois pouvoir la rattacher au pluriel arabe chabaqa, filets (de pêche). De bateau de travail, le chébec est devenu bâtiment au commerce puis celui emblématique du Corso méditerranéen.

Là se pose un autre problème. Comment faire naviguer la réplique? Un chèbec d'une certaine taille, ce n'est pas un bâtiment à traits carrés. Les manœuvres nécessitent un équipage hautement qualifié.

Enfin, quand on veut attirer les sponsors et entre autres les institutionnels, on évite de trop assaisonner le projet de relents de nationalisme insulaire, comme traduire ostensiblement en corse l'adresse de l'association, alors que le nom de la rue n'est pas un nom local.

Quelque chose m'a échappé dans l'article pour que je n'aie pas vu qu'ils se sont basés sur le Requin ou tu as des infos planquées quelque part?

Pour les sponsors et autres mécènes, j'avoue que l'accent nationaliste est un peu maladroit. La marine de Malte est particulière. Bonaparte avait intégré une partie des galères et autres embarcations à ses escadres après le 12 juin 1798, j'ai trouvé les traces de quelques-unes mais pas grand chose sur leur architecture.
Affaire à suivre.

La photo a été prise vendredi 5 à Vittel alors qu'on était en train de présenter mon intervention avant que je me mette à parler. J'ai les yeux rivés sur Robert Hossein qui est dans la salle.

Dis-moi, Marquise des Anges, pour Robert Hossein qui fait des ménages chez Audika, tu avais prévu un sous-titrage mal-entendants?

Le montage photo de Corse Matin est un peu différent de ce que le cabinet d'architecte avait posté en début d'année et qui était une réduction du Requin. Ici on a un hybride entre un sciabecco italien (la poupe avec une cadrega très peu débordante) et le reste du bâtiment pompé sur le Requin. 

Voila le chébec maltais exposé au musée maritime:

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Si les commanditaires du projet veulent faire quelque chose de sérieux, ils ont intérêt à se rapprocher de Liam Gauci, le conservateur du musée, qui est également l'auteur d'un bouquin sur les Maltese corsairs entre 1760 et 1798. Le début de la période correspondant à la république de Paoli. 

Le bouquin édité par Heritage Malta, qui n'a pas dû faire l'objet d'un tirage à grande échelle, est introuvable sur Amazon comme sur Abebooks. J'en ai découvert l'existence sur un journal maltais, The Independent, de février 2016, qui en annonçait la parution et ce en faisant une recherche sur Liam Gauci, dont je connaissais le nom.

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Puisque tu fais allusion à Bonaparte et aux galères maltaises, donc à la prise de Malte, si tu t'intéresses à la campagne d'Egypte, je te signale la sortie d'un excellent bouquin sur le sujet.

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C'est pointu sur le plan des recherches, mais cela se lit aussi facilement qu'un roman. Et cela sent bon le sable chaud.

Ah ben c'est gentil.
Robert Hossein présidait le colloque, mais comme on avait tous un micro et une voix martiale (surtout les hommes...), il n'a pas eu besoin de tendre l'oreille.

Le projet va aboutir à un bâtard coûteux.
Et merci pour ton avis sur le sable chaud du beau Desaix, lequel est représenté mort sur la couverture. La Fondation Napoléon fait notre pub aussi (légèrement hors sujet par rapport à Paoli quand même...):
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C'est ton copain Michel Vergé-Franceschi qui leur a confirmé qu'il y avait bien trois chébecs corsaires dans la marine de Paoli. Cela vaudrait le coup de lui demander de quelles sources il dispose.

Je viens de trouver trois gravures de chébecs mises en page sur Fesse de Bouc par la Madunetta.


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Chébec grec.

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Chébec algérien.

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Chébec ligure.

Il ne t'aura pas échappé qu'elles sont signées AC. Et qui était le grand dessinateur (et pas seulement) de cette marine méditerranéenne aux dates mentionnées? Hé hé! Mais le regretté Aldo Cherini, bien sûr!

Donc la Madunetta fouine et retient les bonnes sources. C'est rassurant.

Sur le même site, il y a aussi un très vilain modèle du Requin.

mais aucun n'est maltais... Il n'existe pas d'archives de la marine de Malte?

Certainement. C'est pour cela que je préconisais qu'il se rapprochent de Liam Gauci, le conservateur, que voici:

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Alain Degny a écrit:C'est ton copain Michel Vergé-Franceschi qui leur a confirmé qu'il y avait bien trois chébecs corsaires dans la marine de Paoli. Cela vaudrait le coup de lui demander de quelles sources il dispose.

je lui en parlerai, à l'occasion. Il est certainement au courant de l'affaire en détail. Ce serait intéressant qu'on en discute.
Sinon je ne suis pas certaine que le bureau d'études ait particulièrement envie de s'atteler à la quête de l'historien, la biblio fastidieuse ou les archives improbables. D'où l'intérêt de se rapprocher des spécialistes, mais le feront-ils? L'association le fera peut-être.

Article paru dans le Chasse Marée, 15/11/2018.


En 1755, la Corse se révolte contre la tutelle génoise. La république est proclamée. À sa tête, Pasquale Paoli. Ce dernier rêve de faire de l’île une puissance maritime : l’élaboration d’une flotte nationale est confiée à un mercenaire originaire de la région d’Ajaccio, Gio Battista Peri, que l’écrivain James Boswell, admiratif, appelait Grand Amiral de Corse. Peri commandera le premier bâtiment de la flottille, le chébec d’origine maltaise Galeotta. Las, les lettres de marque délivrées par Paoli ne sont pas reconnues par les puissances européennes, et les corsaires qui s’en prévalent risquent de passer pour des pirates, ce qui leur vaudrait un traitement pour le moins expéditif. La force navale corse rassemblera, à son apogée, une quinzaine de petits bâtiments armés par des corsaires ou par le gouvernement national. Cette Marine ne survivra pas à la république de Paoli, défaite par les troupes du roi de France en 1769. Qu’à cela ne tienne, elle fait partie de la légende du « Babbu de a patria ».


À Bastia, l’on n’a pas attendu la visite de L’Hermione, au printemps dernier, pour rêver d’un chantier analogue… Avec les édiles locaux, les fondateurs de l’association A Madunnetta, se proposent de construire sur le vieux port de Bastia un chébec baptisé A Galeotta, et d’en faire l’ambassadeur navigant de la Corse.


Le bureau de maîtrise d’œuvre Yacht concept, qui a été chargé d’une première approche du projet, s’est basé pour cela sur la monographie que Jean Boudriot a consacrée au Requin, chébec de 28 canons, pour en extrapoler les caractéristiques en tenant compte des contraintes réglementaires et des perspectives financières jugées réalistes par l’association. 


le premier chébec de Pasquale Paoli mesurait très probablement une quarantaine de mètres, pour un déplacement de 300 ou 400 tonnes, mais A Galeotta, en l’état actuel, est un projet de chébec en réduction. Sa silhouette rappelle ses ancêtres du siècle des Lumières, et il sera construit avec les mêmes matériaux, selon les mêmes dispositions. 


La longueur de coque projetée avoisine les 26 mètres pour un déplacement qui devrait approcher les 125 tonnes. La nouvelle Galeotta,armée en navire de plaisance à utilisation collective, pourrait emporter quelque trente passagers dans les eaux françaises, douze à l’étranger. Le bateau devrait coûter 5 à 7 millions d’euros. 


La reconnaissance de l’association par la Fondation du patrimoine – qui ouvre droit à des avantages fiscaux pour les donateurs – facilitera le financement de l’opération ; grâce au soutien de la municipalité de Bastia, le chantier pourrait être installé en plein cœur de la ville, sur le vieux port.


Une gravure présentée par le Chasse-Marée comme étant le chébec de Paoli.


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Il y est fait mention de l'équipage, de l'armement. Le tout, c'est d'arriver à le lire. Je vais voir si cela ne pixelise pas trop en l'agrandissant par quartiers.

oui ce dessin est dans les archives de Gênes.

On avance. En 1743, les  Génois  voient arriver une flotte espagnole comprenant 17 chébecs catalans. Ils sont séduits et sentent bien l'intérêt de ce type de bâtiment pour combattre les Barbaresques. Mais c'est à Naples, royaume qui dépend de l'Espagne, Au point qu'en 1750, qu'est décidé d'un programme de construction de chébecs militaires à l'espagnole. Et c'est dans son arsenal que sera construit et lancé le premier en 1749, le San Gennaro (le saint patron de Naples). Il sera suivi d'une vingtaine d'unité similaires, dont certaines seront construites sur le chantier de Palerme. 

Ils étaient armés de 18 à 20 canons de 8.

Je lis dans un article de Corsica Oggi daté du 21 mai 2018, que le projet se réfère à deux sources principales: le Requin et le chébec de Chapman.

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Ainsi qu'au Boberach de 1830, ce qui est une hérésie vu la forme de la carène (cf. Souvenirs conservés).

Le Grand Maître qui offre le chébec est Manoel Pinto da Fonseca (et non Rohan-Polduc), qui remplira la fonction de 1741 au 23 janvier 1773, date de son décès.

Le commandant du chébec est le comte Giovanni Battista Peri, chevalier de Malte, chevalier de l'Ordre royal de Saint Louis. Colonel du Royal Italien en France (Masséna y servira) et sera nommé amiral de la marine corse en 1765.

Le chébec de Chapman est postérieur à la marine de Paoli... C'est déjà une hérésie. Et ce n'est pas un chébec maltais.

un petit diaporama du projet ici:

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Alain Degny a écrit:...

Une gravure présentée par le Chasse-Marée comme étant le chébec de Paoli.

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...

Bonjour,

Ce navire est plus une demi-galère qu'un chébec...

GD

Je me suis fait la même réflexion que vous. C'est pour cela que j'ai écrit précédemment " gravure présentée comme...".

Le seul intérêt que je trouve à cette gravure de facture médiocre, c'est qu'elle détaille la composition de l'équipage. Un capitaine-commandant, trois lieutenants, deux sergents, un aumônier, un maître d'équipage, un maître canonnier, 32 soldats et 64 matelots. Plus les domestiques de l'état-major et d'autres maîtres, dont je n'ai pas réussi à déchiffrer les fonctions, ni en fonçant la gravure ni en agrandissant, le texte pixelise.

Ce n'est pas le chébec de Pasquale Paoli, mais la seule gravure approchante trouvée par Antoine Marie Graziani et Emiliano Beri, membres de l'association et, comme le dit plus haut Sophie, aux Archives de Gênes. Ceci m'est confirmé par Bernard Cesari, président de la Madunnetta.

Ce sont les journalistes locaux (Corse Matin, Corsica Oggi...) qui suivent le projet, qui ont attribué ce titre trompeur à la gravure. 

Cela ne m'étonne pas vraiment. Il y a deux/trois ans, j'ai été interviewé par une journaliste de Oise Hebdo, qui pour faire ma présentation, m'a demandé ma profession (directeur exportation). Quand j'ai lu son article, j'ai découvert que j'étais un ancien militaire de carrière. On en apprend tous les jours.

La Madunnetta a bien approché Liam Gauci, mais pour l'instant, il n'a rien trouvé dans les fonds maltais.

il est bien connu que les journalistes locaux ne sont pas des spécialistes en marine. Je me souviens encore de l'affaire des "plots" de Boulogne censés être des restes de chantier naval napoléonien, mais datant au final et de 1884-1885 et dont on ne sait toujours pas ce que c'est au final.

Si on veut être précis ce n'est pas une gravure mais un dessin, possiblement une aquarelle.
Ton passé de militaire de carrière t'honore. Tu es tellement modeste que tu n'en parles jamais. Ta modestie te perdra.

Bonjour Sophie. En Espagne, nous avons des dessins ou plans de jabeques ( Sciabecco, Xebec, Chebec) qui pourraient être intéressants. Je mets un échantillon.

Salutations

Léopoldo[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Bonjour,
C'est intéressant et j'aimerai plus qu'un échantillon.
Merci d'avance.

Il y a un livre; "Buques menores y fuerzas sutiles españolas" ("Navires mineurs et subtiles forces espagnoles" de Enrique García Torralba dans lequel se trouve ce que l'on sait  sur les jabeques.( Chébecs) C'est un livre épais de 650 pages et un chapitre consacré aux jabeques d'environ 50 pages. Le plan précédent est numérisé à partir de ce livre. Le musée naval de Madrid a deux modèles et quelques plans d'époque que l'on peut voir ici:http://www.armada.mde.es/museonaval/aplicaciones/coleccion-dibujos-tecnicos/
et à partir desquels des copies numériques de très bonne qualité peuvent être obtenues. Pour les jabeques écrire dans la fenetre "búsqueda" la parole : jabeques.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Si quelque chose de particulier vous intéresse, dites-le-moi et j'essaierai de vous aider.

Hola Leopoldo.

Le livre d'Enrique est actuellement en rupture de stock chez Amazon.fr.

Merci pour le lien que je mets dans mes favoris.

Jabeque. Je suppose que les échelles figurant sur les plans sont en pieds et non en codos de Ribeira ?

Un saludo.

Oui Alain, il sont en pieds de Burgos ( 27,86 cm.)

Cazador ( Chasseur)[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Bizarre, j'avais posté un remerciement pour l'information et le lien mais il a disparu entre mon ordinateur et le forum.
Alors je réitère: Merci beaucoup !

Une fausse manip sans doute. Ce serait un comble de virer un message de remerciements.