LOUISE

Absent depuis longtemps, pris par de multiples activités, j'en n'en ai pas pour autant oublié Louise.
La construction progresse bien malgré tout. Voyons cela par étapes.
 
Dans le précédent message, nous avons assisté au démoulage de la coque qui s'est déroulé sans mauvaise surprise. Résultat attendu depuis si longtemps, ce clipper d'Argenteuil nous offre enfin un profil plus réaliste pour un bateau : la quille en bas.
 
Quelles opérations ont-elles été réalisées depuis :
 
-  Le nettoyage de la face intérieure de la coque, car malgré tout le soin apporté durant la pose du bordé, le grattage des bavures de colle est inévitable.
-  La pose des varangues qui supporteront le plancher. Leurs faces supérieures doivent être parfaitement bien dressées les uns par rapport aux autres pour assurer un bon calage du plancher.
-  La mise en place de la bauquière. Sur ce point, j'ai fait 2 impasses 
      1 - Le choix du bois : alors que l'ensemble du modèle est réalisé en acajou et ébène, pour la bauquière j'ai utilisé du poirier (que je vais teinter). En effet l'ébène étant rebelle au cintrage, pour éviter une déformation de la coque sous la contrainte de ce bois, j'ai préférer substituer l'ébène au poirier, bois plus souple.
      2 -  Je n'ai pas fait les assemblages, bauquière/barrot en queues d'aronde comme je l'ai prévu au dessin, car ceux-ci seront masqués ultérieurement.

 
-  Pose des serres de fond et de banc.
-  Pose du plancher
 
Dans un prochain article, nous verrons la pose des barrots et des emménagements intérieurs de ce petit clipper.
 
 
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Ici nous voyons bien le passage de la dérive :
 
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Dessin de l'assemblage des barrots avec la serre bauquière :
 
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Vue sur le plancher, qui n'est pas encore divisé et dont le traitement n'est pas encore fait :

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On dirait des images des synthèse tellement le rendu est parfait

C'est tout simplement sublime, ça valait le coup d'attendre

Mais maintenant, vivement la suite

je suis toujours aussi stupéfait et admiratif devant une telle réalisation: c'est du grand art!
j'imagine que le côté non bordé doit être très fragile....... ou la structure se suffit à elle même pour avoir suffisamment de rigidité?

c'est vraiment de la broderie !de la marqueterie !

d'accord avec toi Alain P ce n'est plus du modélisme c'est de la marqueterie en 3d ,un très grand BRAVO
alain2

Pinaise !!!!!  Rarement vu une telle finesse !!!!!!   

Mais comment peux tu faire une telle merveille??

En fait, je viens de prendre ma claque matinale !!! Superbe travail !!!

alain42 a écrit:j'imagine que le côté non bordé doit être très fragile....... ou la structure se suffit à elle même pour avoir suffisamment de rigidité?

  Ce n'est pas fragile. La partie non bordée avec seulement la membrure apparente est parfaitement rigide malgré le faible échantillonnage des couples qui, je le rappelle, ne font que 2,00 x 1,66 mm.
 
Plusieurs facteurs contribuent à la rigidité de l’ensemble :
-       L’ébène qui est un bois dur ;
-       La technique de construction des couples : le lamellé-collé ;
-       Les liaisons longitudinales formées par la pose des 4 virures espacées.
 
C’est l’ensemble de ces éléments qui contribue à la rigidité de cette coque d’une apparence très légère.

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kangoo91 a écrit:Mais comment peux tu faire une telle merveille??

   
Merveille, je ne sais pas, car on peut toujours faire mieux.
 
Certes la vie nous dote, mais de manière inégale, de mains habiles ou pas. C’est ainsi, et j’ai de la chance de faire partie de la première catégorie. Mais si l’adresse de nos mains est un atout, cela ne suffit pas, la réflexion est un complément nécessaire et indispensable à la réussite de son travail.
 
Je pratique le modélisme depuis une trentaine d’années et l’expérience m’a fait comprendre que pour réussir il est nécessaire de comprendre les points suivants :
 
-       Avoir l’œil critique et ne jamais se satisfaire d’un élément moyennement bien exécuté, ce qui implique une grande rigueur envers soi-même.
-       Avoir le courage de refaire une pièce mal réalisée même si on y a déjà passé des heures, car le temps passé s’oublie vite et seul restera l’ouvrage réalisé.
-       Comprendre le pourquoi du comment de ce que l’on construit, ce qui implique une bonne compréhension de la documentation que l’on utilise ou mieux  avoir de bonnes connaissances en construction navale.
-       Avoir en permanence le sens de l’échelle de ce que l’on construit, ce qui évite des proportions disgracieuses, et surtout dans le domaine de l’imperfection, car sur un modèle tout est à l’échelle : que ce soit la pièce réalisée avec le plus grand soin, mais aussi l’imperfection comme un assemblage mal ajusté, une tâche de colle non enlevée, une surface mal poncée. Le modéliste doit avoir en permanence cette notion à l’esprit et comprendre qu’un mauvais joint de 0,5 mm entre 2 virures de bordage à l’échelle du 1/48^e représente 24 mm à l’échelle 1/1, ce qui est une imperfection inimaginable.
-       Un autre point important est l’anticipation.  Je dis souvent lorsque les mains sont à la tâche, l’esprit doit déjà être bien en amont, dans la réflexion, pour préparer le travail que va suivre.
 
Ceci est mon point de vue, et il serait intéressant  de recevoir l’opinion des autres lecteurs.

Tout en étant en complet accord avec ces exigences vis-à-vis desquelles il m'arrive de déraper, je rajouterais pour ma part:
Une capacité à "voir" dans les trois dimensions, positionner dans l'espace
Un certain sens de l'organisation; de la propreté d'un chantier, de ses outils et machines
Une bonne pratique du dessin, et de la lecture de plans
De la patience, de l'obstination...mais aussi savoir "décrocher" parfois, prendre l'air, passer à "autre chose".
Certains modèles vont prendre plus de 10 ans. On imagine sans peine ce que cela suppose de constance, mais c'est bien plus une formidable source de vie.

SUPERBE Bruno..... et Merci de nous dévoiler cet Art du Beau..... ;
mais z' en veux encore moi (et certainement beaucoup d' autres parmi ce forum), des jolies photos de l' avancement de Louise .

Merci Bruno,

Que rajouter de plus, pas grand chose.
Juste une, pour que nos débutants et les autres ne se découragent pas:
Se faire plaisir!
C'est un loisir, qui demande beaucoup mais donne énormément en échange.

Laurent

Pour en revenir sur la question de la rigidité et solidité de la coque, j'avais effectivement oublié que les membrures étaient en lamellé collé; du coup je comprends mieux! et je confirme la résistance apportée par cette technique, que j'utilise également.
Et comme tout le monde, j'attends avec impatience des photos de la suite!

Chaque découverte d'un nouvel avancement de la Louise est un émerveillement. Au point que je suis resté un moment, comme un con, devant mon clavier, à ne pas savoir quoi écrire. A ce niveau de perfection, les mots n'expriment plus le ressenti.

Fabuleux, Bruno. Fabuleux.

Sur le modèle, les barrots du pont sont réalisés en ébène. Comme il se doit, le bouge, ou la courbure transversale est la même pour tous les barrots. Le rayon est de 81 cm à l’échelle du modèle. La tonture, ou la courbe longitudinale se relève fortement aux extrémités et donne ainsi toute la grâce à ce petit navire de rivière.

A l’échelle du 1/15e, l’échantillonnage des barrots est de : 2 x 3,33 mm et 2,66 x 3,33 pour les plus forts.

Comme vous pouvez le voir sur le plan que je présente ici, les bateaux de plaisance de cette époque avaient coutume d’avoir un cockpit de forme ovale, appelé communément  “la baignoire“. Ce détail est particulièrement délicat à réaliser. Mais je vous en parlerai un autre jour.
Le barrotage se compose d’un ensemble de 12 barrots, 12 petits barrots, de 4 entremises (pour le passage du mât basculant et de la louve de gouvernail) et d’une hiloire renversée pour supporter l’hiloire de cockpit.

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Détail que l’on peut voir réaliser sur les photos-ci-dessous.
A ce stade de la construction nous ne pourrons positionner que les barrots des extrémités car nous devons garder la partie centrale libre d’accès pour mettre en place les emménagements intérieurs.

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Les emménagements intérieurs sont simples. Ils se composent en partant de l’avant :

- Une bitte qui sert aussi d’étambrai de beaupré.
- 2 montants verticaux faisant office d’étambrai pour le mât basculant (il fallait pour passer sous les ponts).
- Un puits de dérive solidaire de l’épontille du 4e barrot et renforcé par 2 équerres latérales.
- Un banc et une cloison transversale. Sur les photos présentées ci-après vous aurez l’impression que la surface du banc est hors proportion. Certes cela peut paraître ainsi, mais si le banc va d’un bord à un autre, tout comme la cloison qui se situe juste dernière, c’est que ces 2 éléments ont une fonction de raidisseur de la coque.
Le bordage de pont mis en place cette surface diminuera et reprendra un aspect   visuel plus normal.
Le banc est soutenu par 5 épontilles.
- La louve pour le passage de la mèche de gouvernail.

Mais tout ceci sera plus explicite sur les images ci-après.

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Ici nous voyons les épontilles du banc et la pose d’une partie du banc.

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Vues d’ensemble :

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re 

 de  diou  que  c'est  beau !!!!!

realisation  parfaite ,  je  peu  même  pas faire de  commentaire ,  tellement  je  suis  "estomaqué"  par  cette Louise , et  par  ton  travail  Bruno !!!!!

c'est superbe .
sa forme me fait penser à l'African queen .Rien à voir mais bon .
Encore Bravo

Toujours la même finition que celle de la coque (ciré au liège)?

Laurent

L'African Queen? Prend rendez-vous avec Afflelou, Michael.

Alain Degny a écrit:L'African Queen? Prend rendez-vous avec Afflelou, Michael.

Pour-sur que ces bateaux fluviaux ont un air de cousinage .........................éloigné   

Pour ma part, j' ai un plan de Sandbagger   ,  ce sera peut-être mon prochain modèle.

Si j' ai bien compris , ces racers à voile d' Argenteuil en sont inspirés.

Il y a plus de 20 ans, j' en ai vu une coque à Douarnenez, en bien piteux état, mais peut-être restaurée aujourd'hui......?

Des bateaux larges et très plats, avec un bout dehors impressionnant !!!!

Mais un cokpit très typique tout en rondeurs, très esthétique ....... comme la Louise.




Maintenant, pour faire un travail aussi merveilleux, il y a :

--L' expérience du constructeur, certes,
--Les études historiques, certes,
--La conception assistée par ordinateur, certes,

--Et sans-doute aussi, quelques travaux "mécanisés", ou pas vraiment, et j' aimerais bien savoir avec quels outils on fait du travail fin et précis sur le bois.

Alain Degny a écrit:L'African Queen? Prend rendez-vous avec Afflelou, Michael.

bon d'accord ,la prochaine fois  , j' Humphrey moins réveur .

pour compléter mich 15, les ateliers de l'enfer, à Douarnenez, ont construit avec des stagiaires, il y a quelques années, un clipper d'argenteuil. J'ai eu la chance de voir la coque tout juste sortie du chantier (de la belle ouvrage), et j'ai pu acheter le plan, assez complet et détaillé, et j'en ai fait un modèle au 40ème (je mets une photo, mais la qualité de la réalisation n'a rien à voir avec Louise).


En tout cas, j'attends avec impatience, et toujours aussi admiratif, la suite de Louise.

Pour répondre à Mich 15

J’ai eu moi aussi l’occasion de voir ce Sandbagger dans les réserves du musée de Douarnenez, c’était aussi il y a une vingtaine d’années. C’est un bateau authentique qui de mémoire avait été importé en France en 1900. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Je vous joins ici des photos prises à l’époque. On retrouve bien l’esprit des clippers d’Argenteuil.

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Dans l’ouvrage « Manuel du Yachting et canotage » de Dixon Kemp, réédité par le Chasse-Marée, on trouve d’excellents plans de Sandbaggers américains.

C’est effectivement vrai que les clippers d’Argenteuil trouvent leurs origines avec ce type de bateau originaire de la baie de New-York. Pour les plus grands d’entre-eux, les dimensions sont impressionnantes. Pour une coque de 8 m, ce qui est le cas de Louise, la longueur hors tout  de l’extrémité du bout dehors au bout de la bôme est d’environ 17 m, pour une hauteur équivalente au-dessus de la flottaison. (C’est la hauteur d’un immeuble de 6 étages). Mais ceci n’est pas une généralité. Par exemple le clipper d’Argenteuil reconstruit par les chantiers de l’Enfer est lui beaucoup plus petit.

Certes pour ce lancer dans la construction de ce modèle cela nécessite un peu d’expérience, mais je dirai qu’il faut surtout être un adepte du travail soigné. Ce qui est aussi fondamental avec ce type de navire très épuré est la qualité des finitions qui passe avant tout par la sélection du bois qui doit être de très belle qualité. J’ai choisi l’acajou et l’ébène, mais le poirier naturel et teinté noir serait aussi d’un très bel effet.
Il est certain que le parti que j’ai pris de présenter ce modèle avec la membrure apparente, complique la tâche. Une coque entièrement bordée simplifierai le travail.

La conception assistée par ordinateur m’a servi à dessiner les plans. Dans la mesure où les plans existent (j’envisage de les éditer), il n’est nullement nécessaire d’avoir des connaissances en dessin informatique pour réaliser ce type de modèle.

Pour ce qui est de l’outillage, hormis le chantier en aluminium qui a été réalisé en découpe numérique par Luc Moinet, je n’ai rien d’autre de plus que ce que possède aujourd’hui tout modéliste un peu outillé à savoir :

- Scie circulaire Proxxon, équipé d’une lame à denture carbure, et fraise scie pour les découpes fines.
- Une fraiseuse de la même marque, mais qui fait surtout office de perceuse sur colonne.
- Un petit tour pour métaux pour l’usinage de quelques pièces que nous verrons ultérieurement, mais à la limite cet équipement n’est pas vraiment nécessaire.
- Un chalumeau Grandjean.
- Pour le reste ce n’est que de l’outillage traditionnel à mains.
Comme vous le voyez nous sommes dans un schéma classique.

Pour répondre à Kangoo

Oui la technique de finition est toujours le ciré au liège, mais pour l'acajou uniquement. Pour l'intérieur de la coque, à cause des reliefs que représentent la membrure, j'ai utilisé un vernis mat.

Merci Bruno, 
Je pensais surtout à la finition des barrots et aménagements intérieurs.

Laurent