pirogue de Maurice

Je prends des notes. Un jour viendra où il faudra que je réalise les six embarcations de la Surprise. Si cette méthode, bien partie, donne le résultat escompté, je te devrai une fière chandelle.

Petite avancée......et échec:
j'ai commencé à fabriquer les membrures en utilisant des baguettes de 1 mm par 1 mm, en tilleul, détrempées et mises en forme sur le moule. le bouchain est un peu trop marqué, et elle n'ont pas aimé prendre la courbe....
Donc on change de technique: au lieu de prendre 2 baguettes de 1 mm de côté, l'une contre l'autre, le membrures seront constituées d'un lamellé/collé de 4 épaisseurs de 0,5 mm, plus facile à cintrer.
Donc débit de: 16 membrures de chaque côté, soit 32, fois 4 = 128 petites lattes de 0,5 mm, + 16 varangues fois 4 = 64 petites lattes, donc un total de 192, en prévoyant du rab en cas de casse.


la machine est réglée pour une largeur de latte de 1,2 mm, ce qui me laissera un peu de gras pour finir à 1 mm de largeur quand les membrures seront faites.

Autre avancée, j'ai fabriqué ma machine habituelle à brocheter les virures.



un U en alu mis en forme en fonction des largeurs des virures, prises au maître bau, sur la première membrure de proue, et la dernière membrure de poupe:
pour une largeur de 3 mm  au maître bau, j'ai 2,3 mm à l'arrière, et 2,1 mm à l'avant.
Une fois la forme faite, je coince dans le profilé 4 lattes de 3 mm, il ne reste plus qu'à poncer au gabarit. Mes lattes sont débitées dans du tilleul de 1 mm.

T'es une mine de stratégies différentes! Merci de les partager avec nous. Pour la yole de la créole (mais les bouges peuvent être très différents), j'avais bouilli la "membrure" même 15 ou 20 min avant de la poser sur la contre-forme. Si j'avais pensé la stratégie de superposer des lattes fines pour faire épaisseur, j'aurais essayé!

bonsoir à tous ,
je prends en cours la réalisation de cette pirogue de Maurice et je constate que la méthode est celle des demi coque.
Sauf que là la coque est pleine.
Trés beau début Alain   
je jette également un oeil pour voir si je ne pourrais pas trouver quelques infos   

Pour notre Master Chief Alain:"As tu trouvé la tombe de saint Alouarn?

pour répondre à VR24, j'ai déjà utilisé le technique du lamellé/collé pour d'autres bateaux, mais pas en les cintrant sur un moule: soit directement à l'intérieur de la coque une fois que le bordage est terminé, soit sur des gabarits doubles (forme et contre forme, c'est la technique que j'avais utilisée pour mon dragon). Cette fois ci, c'est sur un moule, histoire de varier les plaisirs. J'utilise une feuille de bois de placage de 0,5 mm d'épaisseur, mais j'ignore quelle est l'essence. Une fois que les lattes sont cintrées et collées, il est étonnant de voir la rigidité de l'ensemble. C'est une technique qui est certes plus appropriée pour un intérieur de coque peint.
Michel, tes campagnes de pêche ne t'emmènent pas jusqu'à Maurice? sinon je t'aurais mandaté comme reporter photographe!

Michael. On sait où il a été inhumé, mais l'emplacement de sa tombe reste un mystère. Si les routes sont excellentes, la signalétique reste aléatoire. Il nous a fallu un quart d'heure pour trouver le monument à Paul et Virginie, dans un bled qui doit compter 500 habitants.

Et autant pour expliquer à des touristes Sud-Africains que c'étaient des fictitious characters of a novel by Henri Bernardin de Saint-Pierre et the true story of the shipwreck du St Géran.

Tout ça parce qu'ils m'ont demandé de quel côté étaient les toilettes des hommes et que je leur ai dit que le verrou ne fonctionnait pas. Comme quoi une envie de pisser peut conduire à une page d'Histoire et de littérature. 

Bonjour,
j'ai recommencé à fabriquer les membrures, avec mes petites lattes de 0,5 mm d'épaisseur. Pour l'instant, pas de casse au cintrage, pourvu que ça dure!.
J'ai du revoir mon système de blocage des membrures, qui n'allait pas (la partie verticale):j'ai ouvert un espace au dessus du moule de la coque, qui me sert d'appui pour les pinces qui maintiennent les membrures pendant le séchage.



donc: j'attache 4 lattes ensemble, je laisse tremper quelques heures, je coince le haut (qui est en bas en fait) de mon fagot dans les encoches qui sont sur le chantier, je bloque le cintrage avec une pince et un petit bout de latte avec une encoche de la largeur des membrures. Une fois la membrure sèche, je la sors du chantier, je tiens les 4 lattes avec une pince, du côté opposé au lien, je défais le lien, et je colle les lattes entre elles, avant de les repositionner sur le chantier. Une fois tout cela bien sec, pas de problème de démoulage, et les membrures sont bien rigides. Tout cela avance doucement....
j'alterne les travaux en brochetant les bordés avec mon gabarit.

Longueur et patience, 2 mots qui nous vont bien. Bonne courage pour la suite et je croise les doigts!!

Laurent

Bonjour,
et Bravo Alain.
Voilà un beau sujet à suivre. Je découvre tout, mais c'est du bel ouvrage.
Félicitations,

Paul

Bonjour Alain,

Beau et intéressant chantier.   

Tu l'as peut-être déjà indiqué mais pourrais-tu nous rappeler l'échelle de ton modèle ?

Notre piroguier travaille au 1/40e.

C'est bien ce que je pensais mais pourquoi travailler à une échelle aussi contraignante lorsque les dimensions de l'original sont modestes ?   

Bonjour,
je reprends la suite de la pirogue, après une interruption, pour (bonnes) raisons de vacances.
avant de nouvelles photos (il faut que je ré-ouvre le chantier), une réponse à la question de Guido:
pourquoi le 40ème?
mais parce qu'il est rugissant bien sur!
plus sérieusement, j'ai fait ce choix d'échelle, complètement arbitraire, il y a quelques années, pour des questions d'encombrement. Dans un souci de cohérence, je réalise donc tous mes modèles au 40 ème (voir, s'il sont encore sur le forum, mes anciens sujets, par exemple sur le monotype dragon, ou le dinghy de 12 pieds).
j'obtiens une taille raisonnable, pour des coques grandeur d'une dizaine de mètres par exemple. Evidemment, quand on reproduit une coque de 5 ou 6 mètres, c'est plus petit....
autre raison, totalement.....fallacieuse? j'ai un peu des origines auvergnates, et un sou, c'est un sou! donc, plus la coque est petite, moins il y a du bois, et "mieux ça coûte moins cher"!
Enfin, je ne sais plus qui disait ça, mais ça devait forcément être un anglais:
small is beautiful ( et puis moi, perso, ça m'arrange!)

Pour de bonnes explications c'est des bonnes explications !!!

Après cette mise au point, aucune équivoque possible.

Explication limpide. Merci.   

bonjour,
peu de photos, mais pour moi plutôt une grosse avancée:
j'ai pratiquement terminé l'ensemble des "demies" membrures, c'est à dire mise en forme et collage, avec, pour les demies de droite, un travail supplémentaire, à savoir un premier ajustage: j'ai enlevé une partie de leur longueur superflue, et poncé dans l'épaisseur pour ramener à la cote, c'est à dire 1 mm.

les demies membrures de gauche sont moins avancées, les n° 14, 15 et 16 sont au collage:


la n° 3 sera à refaire, les 4 épaisseurs ne sont pas collées correctement


les demies membrures sont numérotées, la flèche indique le haut des membrures (donc le bas sur mon chantier quille en l'air) partie qui s'encastre dans les encoches du chantier, et qui sera supprimée, car dépassant du niveau du livet, quand la coque sera bordée (et ce n'est pas pour tout de suite!).
Quand les demies membrures seront toutes terminées et ajustées en épaisseur (bientôt..), il faudra les ramener à la bonne longueur pour qu'elles soient jointives au niveau de la quille. Par contre, pour les varangues, j'avais prévu la même technique de lamellé collé pour les former, mais, compte tenu de l'angle saillant qu'elles doivent former au niveau de la quille, ça ne va pas le faire....Il vaudra mieux les chantourner, dans du CP de 1 mm, pour qu'elles soient un peu solides et participent à la rigidité de la membrure.
Suite au prochain numéro.....

Très technique mais nous avons l'habitude !!!

Rien à dire, si ce n'est souligner une fois de plus l'efficacité de ton système de membrures en "lamellé / collé"

bonjour,
le chantier avance doucettement.....
donc les demies membrures sont terminées, et ajustées à la bonne longueur:


la suite, ce sont les varangues, qui seront donc chantournées dans du CP de 1 mm. d'abord gabarits en bristol (deux demi-gabarits collés ensemble):


Après collage des gabarits bristol sur le CP, découpe à la scie à chantourner:


les varangues sont chantournées en laissant du "gras", et une petite "poignée", qui sera éliminée par ponçage une fois que les demis couples et varangues seront collés sur le moule:


La suite? Bientôt! Il s'agira de coller les demis-couples et les varangues sur le moule.

Allonges et varangues, nous allons bientôt le voir prendre forme.

Bonjour Alain 42, y-at-il une raison pour faire le varangues en CTP et pas en bois noble?
merci

bonjour VR 24;
oui, il y a une raison: j'ai besoin d'avoir un minimum de robustesse, compte tenu de la dimension finale des varangues, qui vont faire au final 1 mm sur 1,5 mm environ. Les chantourner en poirier par exemple ne m'aurait pas garanti cette robustesse, puisqu'elles doivent joindre et tenir les deux demis couples.
Dans la mesure où la coque va être peinte intérieur/extérieur, utiliser du CP n'est pas gênant.
Je pensais au départ les faire en lamellé/collé, mais vu l'angle, ça n'aurait pas marché.
Et puis c'est du CP noble, au prix où ça coute!

Bonjour,
je reprends la construction de la pirogue.....à zéro!
Après avoir fini toutes les membrures et les varangues, je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup d'erreurs, notamment d'ajustage avec la quille..bref, des choses difficiles à reprendre les unes après les autres, donc mon moule a fini dans les profondeurs abyssales de ma poubelle, et je recommence au point de départ (appelez moi Pénélope si vous voulez!) en changeant de technique:
Je vais commencer par le bordage de la coque, puis j'installerai, sans abandonner le principe du lamellé/collé, les membrures et les varangues après, donc l'inverse de ce que je prévoyais.
Donc c'est (re)parti!
d'abord collage des demi-couples sur une double épaisseur de planchette de samba de 3 mm d'épaisseur (les planchettes sont collées entre elles en intercalant un morceau de papier, avec de la colle en stick, de façon à pouvoir facilement les séparer en glissant une lame de rasoir)



Découpe des demi-couples, ajustage, ponçage



Puis les demi-couples sont séparés et collés bord à bord, donc une certaine garantie de symétrie



Les couples sont collés sur le chantier (montage quille en l'air), sur des lignes de référence. Le maître couple n'est pas collé sur le chantier, mais vissé: quand j'en serai en phase de "démoulage", ce maître couple devra rester dans la coque, pour éviter qu'elle ne se "referme". La phase suivante est habituelle, à savoir l'équerrage des couples. La tranche des couples sera vernie, pour éviter l'adhérence avec les bordés.



Phase suivante: découpe de la quille (poirier de 2mm d'épaisseur), un peu de rablure.
J'ai laissé beaucoup de gras sur l'étrave, de façon a avoir suffisamment d'appui pour faire porter les pinces que j'utiliserai pour bloquer les extrémités des membrures dans la rablure. Ce gras sera éliminé une fois la coque entièrement bordée. J'ai aussi creusé de légères encoches dans la quille, à l'emplacement des membrures/varangues.



Voilà, c'est tout pour aujourd'hui! (et ça se présente pas trop mal...)



Comme j'avais déjà préparé le brochetage des bordés pour "l'ancienne" coque, je vais les recycler sur celle ci. Donc prochaine phase: le bordage.

C'est vrai que cela se présente bien. Vu ses formes, le bordage ne devrait pas trop être problématique.

Affaire à suivre donc, en te souhaitant de réussir comme tu l'entends