pirogue de Maurice

Bonjour à tous.
je reviens sur le forum avec un nouveau chantier, après avoir fait un break après le dragon, en réalisant un autre avion papier.
Je garde toujours la même échelle, c'est à dire le 40 ème.
Il s'agit cette fois ci d'une pirogue de compétition de Maurice (l'île Maurice, et non pas Maurice qui va boire son blanc tous les matins au bar de la Marine).
A part le plan issu de la collection des plans du Chasse Marée, je n'ai pas trouvé grand chose sur le net, la documentation sera donc très succincte, à moins qu'un membre du forum ait des infos à me communiquer.
Qu'à celà ne tienne, c'est parti!



En grandeur, la coque mesure 6,22 m par 1,60 m, ce qui va nous faire une coque d'une quinzaine de centimètres de long, par 4 centimètres au maître bau.
c'est un bateau creux, il y aura donc du travail sur les membrures, les serres, les bancs.
Première étape, réduction à la photocopieuse du plan du Chasse Marée.



puis calcul des échantillonnages sur le plan (donc valeurs approximatives au 1/10 ème ou 1/20 ème de mm).
Je choisis de construire quille en l'air, sur moule.
Les lignes d'eau sont espacées de 3 mm, je déduis 1,5 mm sur leur tour, pour tenir compte de l'épaisseur des membrures, dont la maille est tout de même assez serrée, il y en a 16.
chaque ligne d'eau est découpée en tenant compte de la déduction de 1,5 mm, et collée sur une double planchette de samba de 3 mm d'épaisseur. Les deux épaisseurs de samba sont collées l'une contre l'autre à la colle stick, en intercalant une feuille de papier; Les deux demi-lignes d'eau vont donc être chantournées et poncées ensemble, ce qui va me garantir un minimum de symétrie. Une fois le ponçage à la cote effectué, il suffit de glisser une lame de rasoir entre les deux planchettes pour les séparer, d'humidifier les résidus de papier pour les décoller, et de coller les 2 demi lignes d'eau chant contre chant.



Le profil de la coque au niveau du pont est lui collé sur des planchettes de samba de 5 mm, 4 fois, pour surélever le livet par rapport au chantier sur lequel vont être collées les lignes d'eau.



les lignes d'eau sont collées les unes sur les autres, en veillant à leur alignement transversal et longitudinal.





je découpe aussi, dans une planchette de samba de 5 mm, le profil extérieur de la coque, dans lequel je prépare 16 encoches qui vont recevoir les prolongements des têtes de membrures. Cette planchette me servira à tenir les membrures lors de leur mise en forme, car elles seront ployées: 1 mm de largeur, et 2 mm d'épaisseur, pour tenir compte de ce qui va être enlevé lors de leur équerrage. Je prévois de les faire en lamellé de deux épaisseurs d'1 mm, mais si elles sont cassantes au lieu de "ployantes", je me rabattrai sur un lamellé de 4 épaisseurs de 0,5 mm. On verra....



La suite, c'est l'abattage des arêtes des lignes d'eau, et ponçage pour arriver au moule final, etc, etc....

Moi qui ai eu du mal à équerrer 12 malheureux couples , j'ose pas imaginer l'abattage des arêtes sur une si petite contre-forme .. en assurant la symétrie .

Là je dis chapeau ! , un sacré boulot tout en finesse et précision !

Vincent  

Chapeau travail d'orfèvre à cette échelle.
faute d'aller boire un coup à l'île Maurice 
j'irai chez Maurice à Lille

Génial l’idée de ne pas doubler les lignes d'eau et de doubler la planchette de découpe!   
(je suis peut-être bête, mais je n'y avais pas pensé)

Tu commences fort et je vais suivre avec attention ton sujet et les techniques qui vont avec .....

C'est du bel ouvrage et une technique intéressante !
 

Sujet passionnant!!
Pour la doc sur le net, si  cette pirogue navigue toujours, on devrait trouver quelques photos. Je regarderai demain.

Laurent

Merci tout le monde pour les encouragements, qui m'incitent à continuer l'ouvrage.
Kangoo 91, si tu trouves quelque chose sur le net, tu auras plus de chance que moi, parce que perso, je n'ai rien trouvé. j'ai bien suggéré à mon ministre des finances d'aller directement voir sur place, mais elle a trouvé le motif insuffisant.....
VR 24, pour ce qui est de ma technique de découpage des deux côtés en même temps, c'est ce que j'utilise systématiquement depuis pas mal de modèles. On peut facilement l'utiliser pour découper les gabarits de couples. La condition, c'est que les axes de symétrie de chaque demi couple qui vont être collés l'un sur l'autre soient parfaitement droits. Tu peux voir cette technique dans mon sujet précédent, sur le dragon.
On est quasi certain d'avoir une bonne symétrie (et si on fait une erreur d'un côté, elle est symétrique de l'autre!).
Ce n'est cependant et vraisemblablement pas la meilleure technique pour l'arsenal, mais je ne joue pas dans la même cour....je reste dans celle des petits!

alain42 a écrit:Ce n'est cependant et vraisemblablement pas la meilleure technique pour l'arsenal, mais je ne joue pas dans la même cour....je reste dans celle des petits!

Bonjour,

Z'êtes rigolos avec votre "Arsenal", les gars ! Ne croyez-vous pas qu'il est plus facile de construire un modèle avec des bois de bonne qualité, faciles et agréables à travailler, des monographies fiables plutôt que de se colleter avec des boites approximatives, de lattes en ramin, voire en tilleul, des plans clairs comme du jus de chique et bourrés d'inépties.

Franchement, c'est moi qui vous admire.
 

Eh bien Alain, 

Les pirogues mauriciennes existent toujours, mais elles sont désormais motorisées. Le mât et le beaupré subsistent pour une question d'esthétique, mais vergue et voiles ne sont plus que des souvenirs.

En voici une, photographiée dimanche.

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Emplanture du mât.

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Courbes sur le flanc des allonges.

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Capot moteur. On distingue le safran du gouvernail qui a conservé sa forme traditionnelle.

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Pirogue mouillant devant Grand Baie, vue d'ensemble.

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Elles sont, en principe, blanches avec quelques filets peints décoratifs.

Merci Alain, pour ces photos. Si je les compare avec les formes de carène du plan que je dispose, elles sont différentes ( je fais référence principalement au tableau), et même si on ne voit pas les oeuvres vives. Les détails sont intéressants: la finesse des membrures, la feuillure d'encastrement des bancs sur les serres. Sur celle ci, il y a un pontage partiel (rajout?), ce qui n'est pas le cas du plan que j'utilise. J'en déduis qu'il y a sûrement plusieurs sortes de bateaux appelés pirogues à Maurice.
Si les photos datent de dimanche, je suppose que tu rentres tout juste de Maurice, tout bronzé; veinard!
Pour revenir à ma coque, pour l'instant, je ponce, ponce et reponce....

C'est vrai qu'il y a pas mal de différences. C'est peut-être une question d'époque. Celle de ton plan date de quand?

Le pontage partiel semble* maintenant généralisé. Ton plan ne note pas de plancher et sur l'arrière de "la mienne", on voit un plancher surélevé comme celui des chambres des chaloupes. L'étrave est plus inclinée, le beaupré plus court.

* Il faut dire que l'on en voit très peu, des pirogues. Le banal canot à moteur, coque polyester a la préférence des plaisanciers. Celle que j'ai photographiée appartient à l'hôtel où nous séjournions et sert de navette pour conduire à Grand Baie, les clients que la conduite à l'anglaise et la traversée des villes rebutent.

Il faut dire que les bus circulent au milieu de la chaussée, que les gens se garent n'importe comment et que le respect de la priorité est très aléatoire. Sans compter les vélos et les passants qui ne bougent pas d'un pouce pour laisser passer les voitures. La compétition est plus automobile que maritime. Et les Mauriciens sont tellement gentils, que l'on a même pas envie de les engueuler. Dur pour un Parisien!

    le lieu idéal pour les italiens! que comme tu auras pu noter sont très nombreux!
Pour retourner au sujet (excuse moi Alain42 mais c’était trop tentant), je vais chercher si j'ai des vieux photos de l’île avec bateaux.

Alain et Alain   

Le plan de "chasse-marée" donne le nom de "affingham" pour cette pirogue qui concoure en régate:
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"...la régate ouverte au public a été remportée par le bateau "Affingham" de Grand-Sable avec Maurice Ravaye comme capitaine"

On trouve des photos mais pas de gros plans!!! Bizarrement, les couleurs (voile et coque) semblent inversées par rapport au plan.

Laurent

È vero! Sono numerosi i nostri vicini e amici Italiani. Cela m'a d'ailleurs permis de reparler cette belle langue.

merci mille fois Kangoo pour ce lien, car personnellement je n'avais rien trouvé.
Effctivement, le plan correspond à une pirogue de régate, et non à une pirogue "traîne couillon" (c'est mon vocable à moi pour qualifier les bateaux qui prennent les touristes). O grand maître Alain, n'y vois rien de péjoratif à ton encontre!

Alain,

Je suis déçu du peu que j'ai trouvé.... Pourtant un bateau qui navigue toujours!!!

J'essayerai encore.

Laurent

M'en fous, j'avais loué une voiture.

Et puis traîne-couillons, c'est le terme en usage.

j'ai un petit peu travaillé, enfin surtout la dremel et le papier abrasif: ponçage, ponçage et reponçage.






j'ai été un peu trop généreux sur le tableau arrière, qu'il me faut reprendre; on constate l'asymétrie sur la photo. Donc, j'ai collé à la colle stick (toujours pour pouvoir facilement décoller) un gabarit du tableau, déduction faite de l'épaisseur des membrures, et j'ai appliqué du mastic, et de nouveau ponçage.





Une fois le travail de mise en forme du moule terminé, il me faudra le protéger, afin que les membrures n'adhèrent pas. Fondur et vernis, mais je laisserai la partie du moule qui va du socle au plat bord sans protection, de façon à ce que les têtes de membrures, qui dépasseront de la coque, puissent être collées au moule.
Pour l'instant, j'ai collé quelques cales qui vont servir de référence au premier bordé posé (donc celui qui se situera juste sous le plat bord).

Intéressant ta technique. Le montage sur contre-forme, nous connaissons, mais tu y ajoutes des astuces bien vues et bien utiles.

Et les formes sont belles à souhait, sans doute pas faciles, mais très belles !!!

Cher maître Alain, cette technique est un essai, et, si ça se trouve, ça ne va pas marcher!
Pour l'instant je continue; un petit ajout:
3 planchettes avec des crans, qui vont (théoriquement) me permettre de cintrer les petites baguettes qui vont constituer les membrures, et de les maintenir pendant le séchage. On verra à l'usage.....

Si cela peut aider (mais je pense que ce n'est pas vraiment nécessaire), j'ai mis sur la surface de la contre-forme un mélange très méditerranéen d'huile et de cire. En utilisant de la colle vinylique (blanche) les membrure n'attachent jamais. J'ai fait comme toi, j'ai collé la tête des membres sur la contre forme . J'ai trouvé des élastiques fort utiles pour les garder bien en place.  Je trouve très intéressante ta structure pour tenir les membres en bonne position au niveau de la quille.    

Je prends des notes. Un jour viendra où il faudra que je réalise les six embarcations de la Surprise. Si cette méthode, bien partie, donne le résultat escompté, je te devrai une fière chandelle.