une canonnière de 1811

Bonjour à tous

Je viens d'être informée via une newsletter d'un projet de reconstitution d'une chaloupe canonnière de 1811. Voilà le texte intégral:

Une idée de réplique : la canonnière de Calais. Plaisancier lui-même, passionné par la navigation en mer et membre actif de plusieurs associations maritimes, Gérald Beaugrand, un Calaisien de soixante-douze ans, résidant au Marais de Guînes, non loin de sa ville natale, s’est mis en tête de mener à bien la reconstitution d’une réplique d’une canonnière datée de 1811. Cette embarcation, construite dans un chantier calaisien, faisait partie de la célèbre flottille du camp de Boulogne destinée au projet de descente en Angleterre initié par Napoléon. Sa longueur maximale était de 23,2 m pour un tonnage de 25 à 30 tonnes et pouvait embarquer une trentaine d’hommes. Un tel bâtiment est d’autant plus réalisable que Gérald Beaugrand dispose de tous les plans nécessaires et peut s’appuyer sur une maquette à l’identique de la canonnière faisant partie des collections du musée de la Marine à Paris. Ce modèle réduit avait d’ailleurs servi de modèle au chantier naval où le bâtiment avait été lancé. Reste à réunir les fonds qui lui permettraient d’atteindre l’objectif, le coût étant estimé à environ 300 000 à 400 000 euros. Natacha Bouchart, maire de Calais et vice-présidente du Conseil régional, a trouvé le projet séduisant. La canonnière pourrait très bien constituer un élément attractif dans le cadre d’un autre projet révélé en réunion publique par l’association locale « Centre portuaire multimédia Calais et Détroit » dont le but est d’ancrer le patrimoine dans la cité par la réalisation d’un musée portuaire rappelant la grande histoire maritime de la cité des Six Bourgeois à travers les siècles jusqu’à nos jours.


Quelqu'un parmi vous a-t-il été informé de ce projet? Qu'en pensez-vous?

Je n'étais pas au courant. C'est un projet nettement moins ambitieux, donc nettement moins farfelu que le vaisseau de Colbert de Gravelines.

Pour la construction sur site, ils pourront se référer au tableau de Maurice l'Agrume et M. Plongeur ira reconnaître les fonds avant le lancement. C'est gagné d'avance !

Je viens d'en parler avec Pierre. Les chiffres nous gênent un peu. 30 hommes embarqués? 23 mètres 20? et puis la maquette du musée date de quand? Ce qui me choque c'est aussi "la longueur maximale". Elles étaient standardisées

D'après mes documents, il existe plusieurs plans de CC de 1811, qu'ils soient signés Poncet ou Leroux mais ils sont très différents dans l'armement. Entre les deux canons de 18 et les 3 canons de 36, j'ai trouvé aussi 3 canons de 24. Quant aux dimensions... Et en 1811, il y a longtemps que le projet de descente est abandonné, Napoléon maintient une flottille pour défendre plus que pour attaquer.

Je vais voir à demander des précisions, par curiosité.

Le modèle de référence est la canonnière-brick 17 MG 21 supposé construit en 1805.

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Il manque, MNM dixit les 3 canons de 24 et l'obusier de 8.

Le mieux, c'est de contacter Gerald Beaugrand : 03 21 35 18 24.

Il ne sait pas ce qui va lui tomber dessus, le pauvre gars.

méheu.

"....projet séduisant...."
Même en dehors de la période actuelle, ça signifie "cause toujours". Pour les financements c'est mal parti.
Laurent

Pas convaincu, Laurent. La canonnière s'inscrit dans un projet plus vaste de valoristion patrimoniale portuaire comprenant la création d'un musée. C'est de nature à intéresser le mécénat régional comme le projet de réplique du chébec de Paoli, qui avance bien, et a depuis fin 2019 le soutien des institutionnels locaux. Et pas seulement ceux de Bastia.

Tout projet historico-maritime vaut la peine d'un examen attentif car ce ne sont pas ceux farfelus ou personnels qui manquent. Une commune comme Calais peut y voir une attractivité certaine. Cependant les projets de Napoléon sont pour la majorité de la population inconnus sinon paraissent farfelus. Qui va donc s'intéresser à celui-là, peu représentatif de notre marine, car assez réduit, même si son intérêt pour nous est important.
Il est ainsi dommage de rêver.

Mais je souhaite la réussite de ce projet.

Outre la faisabilité technique et économique, quelle rentabilité ?
Désolé mais la question se posera en ces termes. Les communes, même les plus riches, ne sont pas les mécènes d'autrefois.

c'est vrai qu'il faut y penser. Mais le projet semble relativement modeste et selon ce que dit not'Bon Maîîîîître, il y a un projet plus global derrière.

on ne peut que féliciter l'initiative de Monsieur Beaugrand.
tout ce qui peut faire lumière à notre marine d'autrefois est digne d’intérêt .
souhaitons bonne fortune au projet

Sur la question de la rentabilité, Michel a raison. Si la canonnière fait des balades en mer, elle attirera du monde. Si elle reste à quai, au prix du ticket, ce sera plus difficile. Le chébec de Paoli est destiné à naviguer, ne serait-ce qu'au moteur. Et quand la Méridionale sera en grève, il pourra toujours rapatrier les touristes.

Curieux !!! J’aimerais en savoir plus. On se souviendra qu’avec Sophie et le regretté Denis Desormiere, nous nous étions beaucoup intéressés à ce type d’embarcation (voir le bateau Canonnier de l’An 12). Les dimensions indiquées par monsieur Beaugrand (et je ne confonds pas Bateau Canonnier et chaloupe canonniere) ne semblent pas correspondre aux renseignements en ma possession, le personnel embarqué (marins et soldats non plus. Sans vouloir préjuger de la valeur du projet, je crains que monsieur Beaugrand, n’aille au-devant de grandes déceptions

Salut Pierre,

Le coin se prête aux projets fumeux et aux découvertes incertaines.

Tu connais le projet du Jean Bart de l'association Tourville de Gravelines qui est ni plus ni moins que la construction du vaisseau de l'Album de Colbert, bâtiment d'étude qu n'a jamais été lancé et dont, par conséquent, on ne connait rien des qualités nautiques. Commencé en 2002, construit en plein air, les bois se dégradent au fur et à mesure de "l'avancement" du chantier.

Tu te souviens de la découverte boulonnaise des restes d'une chaloupe de la flottille et des vestiges du chantier de construction en bord de plage et côte à côte d'autres bâtiments de plus fort tonnage, attesté par le tableau de Maurice Orange... peint en 1906.

A Étaples, après la brillante prestation (pléonasme) de Sophie, la journée consacrée à la flottille s'était achevée sur l'intervention de celui que nous appelons M. Plongeur. Il n'avait pas tari d'éloges sur Maurice l'Agrume. Au point qu'à la fin de son speech, Sophie, qui était assise au premier rang, se tourne vers moi et me dit : "Ne lui rentre pas dedans, il est gentil".

Aujourd'hui, c'est la canonnière-brick. on retrouve les mêmes paramètres, beaucoup d'enthousiasme et des bonnes volontés, mais une doc historique contestable.

Ce n'est pas l'apanage de la Côte d'Opale. A Bastia, on reconstruit le chébec de Pasquale Paoli, dont on se sait rien sinon qu'il lui a été offert par le grand Maître de l'ordre de Malte. Ce sera donc un "petit" Requin qui, comme chacun sait, a été construit par des Majorquins.

Une chose est rassurante, la figure de proue ne sera pas la femme corsaire Violette La Hisse (et ho, Santiano), personnage de roman borgne à gros nichons, Bob Escoffier s'en est déjà emparé pour celle de la réplique de l'Étoile du Roy, cette vilaine frégate à rames anglaise de 1720 inspirée par le Blandford.

Un dernier mot sur Maurice l'Agrume. C'est un excellent uniformologiste. Pour l'Histoire, il interprète. Je ne sais plus si c'est en privé, mais j'avais discuté avec Sophie de son tableau "Bonaparte au pied des pyramides". On reconnait bien, au bouton près, l'uniforme d'un cavalier du 3ème dragons, présent en Égypte. Bravo ! Sauf que... des Égyptiens présentent au petit Corse la momie d'un pharaon. Or les sépultures de Khéops et Khéphren étaient vides et la momie de Mykérinos sera découverte en 1837. Cherchez l'erreur.

Je parle longuement des digressions Orangesques dans un article à paraître en janvier prochain. C'était aussi le sujet de ma communication au colloque de Vittel il y a un an. Maurice était un des fondateurs de la Sabretache, un uniformologiste pointu, un peintre intéressant et un suiveur. J'entends par là un continuateur. Un peu comme le cycle arthurien estampillé Chrétien de Troyes. Ce qu'il y a de fascinant avec Orange c'est que ses tableaux font "autorité" pour illustrer la geste impériale. Alors qu'en fait entre "Napoléon au camp de Boulogne 1804", et "Bonaparte au pied des pyramides", on a déjà de quoi faire quelque chose de sympathique. Desaix par exemple est peint sous les traits précis du portrait de Dutertre. Sur le tableau censé représenter Boulogne, le fort est à l'emplacement de 1804 mais sous les traits de celui de 1879.

j'aime les idées sympathiques montrant l'intérêt pour le patrimoine maritime sous toutes ses formes. Ca veut dire qu'il n'est pas mort. Que ce soit le chébec ou la chaloupe, voire les "plots" au pied de la falaise. Pour le Jean Bart c'est plus destiné à être un chantier-école qu'un vaisseau prévu pour la navigation, et c'est heureux.

Bref.

Le cycle arthurien de Chrétien de Troyes ? Faut que je révise, je croyais que c'était le charcutier à l'origine de l'andouillette du même nom tout comme Wolfram von Eschenbach l'était pour la Curry-Wurst. C'est Graal. Pardon, c'est grave.

Mais surtout: "c'est pas faux".

Voilà ce qui arrive à force de lire tous les posts de tous les sujets.......
Je m'aperçois que le projet "Tourville "" n'est pas tellement en odeur de sainteté...
Bon... j'ai pris bonne note..... et je n'en parlerai pas....

Ah mais si, il faut en parler!
Parce que justement c'est un chantier-école et que ce n'est pas si courant...

J'ai du respect et un peu d'admiration pour toutes ces personnes qui s'engagent dans de telles reconstructions. A première vue les communes impliquées peuvent y voir la création de centres d'intérêts, voir plus. Cependant s'agissant de travaux sur le long terme, le temps risque de rattraper l'intention de départ s'il n'existe pas de concrétisation palpable, visible, médiatique.
N'est pas Hermione qui veut avec sa traversée transatlantique.
De plus au bout de, disons 15 à 20 ans, les premiers bois risquent la pourriture exposés aux éléments.
Ce fut le sort du Soleil Royal de 1671 à 1688, pourri au point de nécessiter une vrai reconstruction.
Sauf d'enfermer le "Jean Bart" au sec, investissement colossal, c'est le condamner à un projet qui s'envasera. 
Ecole dites-vous, pour qui et pour quoi ? 
Bonne école le Chantier du Guip ça oui pour former de futurs charpentiers de Marine travaillant sur du concret.

Le Jean Bart ça fait déjà plus de vingt ans...

Oui mais ce n'est qu'un aspect , réponse un peu commode et facile, encore que, voir les bois ?

Pierre,

Ce n'est pas une question "d'odeur de sainteté". Ce projet aussi sympathique soit-il est totalement  irréaliste. On ne fait pas une réplique d'un navire d'étude qui n'a jamais été construit puisqu'il s'agit du vaisseau de l'Album de Colbert. Un 84 canons, rien que cela ! On a, et pour cause, aucune idée de ses qualités nautiques. C'est peut-être un Vasa II.

Depuis 17 ans, sa carcasse supporte toutes les intempéries puisqu'il est construit en plein air. Il suffit de voir des photos pour constater que les bois se dégradent. Comme les sponsors ne se bousculent pas, il faudra encore des décennies pour que, rêvons un peu, le projet aboutisse.

Dans cette hypothèse, comment le vaisseau sera mis à l'eau ? Son chantier n'en est pas à proximité immédiate. Mais ce n'est pas tout. Il n'est pas destiné à naviguer. Il restera à quai à Gravelines. Comment sera financé son entretien ? Par la recette des visites ? Il faut raison garder. Gravelines, ce n'est pas San Diego, CA. Des visiteurs, certes il y en aura, mais pas des myriades.

Ce ne sont que quelques exemples, on pourrait développer, mais c'est assez pour démontrer que le projet n'est pas viable. Une canonnière de 1811 voire une barque longue dunkerquoise, cela reste dans le domaine du raisonnable, on peut temoigner de l'intérêt, mais le " Jean Bart" c'est le navire du capitaine Crochet. Il n'y a que Peter Pan pour y croire.

J'ai, en son temps été contacté pour présenter mes travaux sur le SR  dans le cadre de cette hypothétique reconstruction. Je n'ai pas donné suite tant le projet apparaissait peu réaliste. Le Jean Bart n'existe pas, pas plus que que le vaisseau de Colbert. C'est au mieux une vue de l'esprit. Gravelines est une ville fortement financée par les subsides de la centrale nucléaire et donc en capacité de soutenir un tel projet comme celui d'une belle équipe de basket.
Mais soyons raisonnables, un tel projet correctement dimensionné et nommé ne pouvait être que régional au moins pour exister et financé. Leurs auteurs ont eu les dents trop longues.
Jean Bart doit s'en retourner dans sa tombe.